Erbalunga

Erbalunga, ou Erbalonga en corse, est un petit village pittoresque situé sur la côte orientale du Cap Corse, en Haute-Corse, à environ 10 km au nord de Bastia. Niché au bord de la mer Tyrrhénienne, ce hameau maritime de la commune de Brando est souvent décrit comme l’un des plus beaux villages de Corse, avec son port charmant, ses ruelles étroites et sa tour génoise en ruine qui semble plonger dans l’eau. C’est un lieu qui allie histoire, authenticité et une ambiance méditerranéenne irrésistible.

Description et cadre

Erbalunga s’étend autour d’un petit port naturel, protégé par une avancée rocheuse où trône la tour génoise du XVIe siècle, partiellement effondrée dans la mer. Les maisons en pierre, aux façades colorées – ocres, jaunes, roses –, s’entassent en arc de cercle autour du port, leurs balcons et volets en bois ajoutant une touche chaleureuse. Les ruelles pavées, souvent trop étroites pour les voitures, grimpent vers l’intérieur du village, offrant des vues sur la mer et les montagnes du Cap Corse. Le maquis environnant – cistes, myrtes, arbousiers – encadre ce décor, tandis que la plage de galets voisine, au sud du port, attire les baigneurs en quête de tranquillité.

Face au village, on aperçoit parfois les îles toscanes (Elbe, Capraia) par temps clair, renforçant l’impression d’un lieu suspendu entre terre et mer. Erbalunga est aussi connu pour ses couchers de soleil spectaculaires, lorsque les teintes orangées se reflètent sur l’eau calme du port.

Historique

L’histoire d’Erbalunga est intimement liée à celle du Cap Corse. Mentionné dès le Moyen Âge, le village prospère sous la domination génoise (XIIIe-XVIIIe siècles), devenant un port stratégique pour le commerce maritime. Au XVIIe siècle, il est même le deuxième port le plus actif de Corse après Centuri, exportant vin, huile d’olive et cédrats, et important sel et grains. La tour génoise, construite vers 1560, témoigne de cette époque où la menace des pirates barbaresques imposait une surveillance constante. Sous Pascal Paoli (1755-1769), Erbalunga reste un point clé, avant de passer sous contrôle français en 1768.

Au XIXe siècle, le village connaît un âge d’or grâce à la navigation et à l’émigration vers les Amériques. De nombreux "Américains" corses – émigrés enrichis – reviennent et construisent des maisons cossues, visibles dans les hauteurs du village. Le XXe siècle marque un déclin de l’activité portuaire, mais Erbalunga se réinvente comme destination touristique, tout en conservant son authenticité.

Patrimoine

• La tour génoise : Symbole d’Erbalunga, cette tour carrée en ruine, envahie par les vagues à marée haute, est un vestige photogénique du système défensif génois. Elle n’est plus accessible, mais son état sauvage fascine.
• L’église Saint-Erasme : Située au cœur du village, cette église baroque du XVIIe siècle, dédiée au patron des marins, abrite des fresques et un autel orné. Chaque 2 juin, la fête de Saint-Erasme donne lieu à une procession maritime, où une statue du saint est portée sur un bateau décoré.
• Maisons historiques : Les demeures des "Américains", avec leurs balcons ouvragés et leurs escaliers extérieurs, témoignent de la prospérité passée.

Vie quotidienne et état actuel

Avec environ 150 habitants permanents (intégrés aux 1 500 résidents de Brando), Erbalunga est un village vivant qui triple sa population en été. Le port, aujourd’hui dédié aux petits bateaux de pêche et de plaisance, reste actif, bien que la pêche soit réduite à quelques artisans. Les restaurants et cafés bordant les quais – comme A Piazzetta ou Le Pirate – servent des spécialités corses (poisson frais, charcuterie, fiadone), attirant touristes et locaux. Le festival "Les Nuits d’Erbalunga", un événement musical estival créé dans les années 1980, anime le village chaque juillet, avec des concerts dans un théâtre de verdure face à la mer.

Malgré son attrait touristique, Erbalunga échappe à l’urbanisation massive, préservant son échelle humaine. L’association locale pour le patrimoine veille à maintenir son authenticité, tandis que sa proximité avec Bastia (15-20 minutes en voiture) en fait une escapade prisée.

Pourquoi y aller ?

Erbalunga, c’est une carte postale vivante du Cap Corse : un port pittoresque, une tour en ruine, des ruelles pleines de caractère et une douceur de vivre méditerranéenne. Que ce soit pour flâner au bord de l’eau, assister à la procession de Saint-Erasme ou simplement déguster une assiette de langoustines face au port, c’est un lieu qui séduit par sa simplicité et son histoire. Les amateurs de photo ou de plongée (les fonds marins y sont limpides) y trouveront aussi leur compte.