La plage noire de Nonza
Q8RV+9C Nonza Haute-Corse
La plage de Nonza, souvent appelée "plage noire", est l’un des sites les plus singuliers et fascinants du Cap Corse, située au pied du village de Nonza, sur la côte ouest de cette presqu’île sauvage. Étendue sur environ 1,5 kilomètre, elle doit son nom à ses galets d’un gris anthracite profond, presque noir, qui contrastent avec les eaux cristallines de la Méditerranée et les falaises abruptes qui l’entourent. Ce paysage saisissant, dominé par la Tour Paoline et le village perché à 150 mètres au-dessus, en fait un lieu à la fois beau et mystérieux, souvent photographié pour son esthétique unique.
Cette couleur inhabituelle n’est pas naturelle au sens classique : elle provient des rejets d’une ancienne mine d’amiante exploitée à Canari, à une quinzaine de kilomètres au nord. De 1948 à 1965, l’usine d’extraction déversait ses résidus directement dans la mer via un téléphérique qui survolait le Cap Corse. Les courants ont ensuite charrié ces matériaux – principalement des graviers et poussières de serpentine, une roche gris-vert – jusqu’à la plage de Nonza, lui donnant cette teinte sombre. Si l’amiante en fibres, dangereuse pour la santé, a été emportée ou enfouie, les galets actuels sont considérés comme inertes et sans risque, bien que la plage conserve une aura liée à cette histoire industrielle controversée.
Avant cette période, la plage était déjà connue, mais ses galets étaient plus variés en couleur, typiques des plages corses. Les habitants y pêchaient et y ramassaient des galets pour la construction, une pratique courante dans la région. Aujourd’hui, elle attire surtout les visiteurs pour son caractère insolite et son cadre sauvage. Accessible par un sentier escarpé d’environ 500 marches depuis le village ou par la route côtière D80, elle reste peu aménagée, préservant son authenticité. La baignade y est possible, avec une eau limpide mais beacoup de courant, les galets puissent rendre l’entrée dans l’eau un peu inconfortable sans chaussures adaptées.
La plage noire est aussi un lieu de récits et de contrastes : d’un côté, son passé industriel rappelle les impacts humains sur la nature ; de l’autre, elle s’intègre désormais à un environnement redevenu sauvage, bordé par le maquis et ponctué de légendes comme celle de la Fontaine des Mamelles, liée à Sainte Julie. Les couchers de soleil y sont particulièrement spectaculaires, le noir des galets absorbant la lumière tandis que la mer scintille.
Il faut prévoir de bonnes chaussures pour le sentier et un appareil photo : c’est un coin de Corse qui ne ressemble à aucun autre.